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Crédit photo: Bastien Durand
||| Économie

Tendances 2024 : les consommateurs seront guidés par les rabais

12 décembre 2023 | Par Francis Hébert-Bernier

Le marché de l’alimentation canadien sera encore marqué par l’inflation l’an prochain, selon les experts qui ont participé au webinaire Les tendances 2024 en commerce de détail alimentaire, présenté par le Réseau canadien d’innovation en alimentation (RCIA). Une situation qui représente à la fois un défi et une occasion pour les détaillants alimentaires.

L’inflation est en baisse depuis quelques mois et tout indique que les hausses de prix de 9 à 10 points de pourcentage observées en 2022 sont maintenant chose du passé, prédit Francis Parisien, vice-président principal Ventes PME Canada chez NielsenIQ, lors du webinaire.

Toutefois, l’effet cumulatif de ces deux années continuera à se faire sentir sur le comportement des consommateurs pour l’essentiel de l’année prochaine. En effet, selon les calculs de NielsenIQ, le coût des produits de base a augmenté d’environ 21% depuis 2021, ce qui force les gens à faire des choix difficiles.

La chasse aux économies

Pour tenter d’échapper aux effets de la hausse des prix, la clientèle déploie déjà de nombreuses tactiques pour tenter d’économiser, ce qu’elle continuera à faire en 2024, annonce Sylvie Cloutier, directrice générale du Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ).

Une situation qui place certains types de commerces en bonne position pour attirer la clientèle, par exemple les épiceries ethniques, les détaillants à escompte, les grandes surfaces et les magasins à dollars, selon Francis Parisien. En revanche, les commerces plus spécialisés qui forment une deuxième destination, comme les magasins de santé naturelle et les magasins pour animaux, risquent de vivre des temps plus difficiles l’an prochain.

Les achats en ligne ont également commencé à stagner l’an dernier, une tendance qui devrait perdurer en 2024, selon les deux experts.

Autant de visite à l’épicerie, moins d’achats

Les données de 2023 collectées par NielsenIQ montrent que les consommateurs se sont aussi ajustés à la hausse des prix en diminuant le nombre d’unités qu’ils achètent à chacune de leurs visites.

« La bonne nouvelle pour l’industrie c’est que le nombre de visites en magasin par foyer reste stable. Mais les gens mettent moins d’articles dans leurs paniers. En 2021, c’était 11 unités en moyenne, maintenant c’est passé en bas de 9 », précise Francis Parisien.

Des produits différents

En plus de diminuer le nombre de produits achetés, les ménages ont également commencé à changer la composition de leurs épiceries, prévient Sylvie Cloutier : « Les consommateurs peuvent choisir des produits moins chers ou les remplacer, par exemple en remplaçant leur marque nationale par des marques privées ou à moindre coût. Mais, surtout, on s’attend à beaucoup de recherches de promotion et de rabais en épicerie. »

Ce changement de comportement mènera ainsi les consommateurs à s’éloigner de certains types de produits vendus plus cher, comme les produits biologiques, dont les ventes ont déjà commencé à décliner en 2023. Par contre, la directrice croit que les produits locaux continueront d’être favorisés par les consommateurs, surtout s’ils réussissent à demeurer compétitifs au niveau des prix.

« On voit aussi une augmentation du recours à des options moins dispendieuses pour s’alimenter, comme le riz, dont les ventes connaissent une forte croissance, les pâtes alimentaires, les nouilles orientales et les sauces préparées », remarque Francis Parisien.

Le prêt à manger plutôt que le restaurant

En revanche, une des stratégies déployées par la population pour s’adapter à l’inflation pourrait s’avérer très bénéfique pour les détaillants alimentaires au cours de la prochaine année, selon les deux experts : la diminution du nombre de visites en restaurant.

« Par contre, ce n’est pas vrai que les consommateurs vont commencer à cuisiner sept jours sur sept, prévient le vice-président de NielsenIQ. Ils vont toujours chercher à trouver de nouvelles façons de gagner du temps dans la cuisine et de se payer une petite traite de temps en temps. »

Un désir qui devrait selon lui se traduire parune augmentation des ventes de repas prêts à servir vendus déjà chaud dans les comptoirs en épiceries. Dans la même logique, les substituts de repas maison et autres produits congelés faciles à préparer devraient voir leurs ventes augmenter en 2024.

« Ce sera une année difficile pour les gens, mais c’est certain que ça va venir avec des opportunités pour les détaillants et distributeurs », remarque Sylvie Cloutier. Par exemple, les offres personnalisées, notamment à travers les programmes de fidélité, vont être très recherchées par les consommateurs. Les innovations technologiques pourraient aussi venir changer la donne en permettant d’améliorer l’efficacité et l’expérience client.

« Il y aura certainement plusieurs façons de s’en sortir pour les détaillants », conclut-elle.

Mots-clés: Québec