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Crédit photo: La Presse Canadienne / Keith Srakocic

Le Canada s’inquiète d’une nouvelle règle sur l’étiquetage de viandes aux États-Unis

14 mars 2024 | Par La Presse Canadienne

Le gouvernement fédéral du Canada ainsi que des organisations représentant certains producteurs de bœuf du pays préviennent qu’une décision au sud de la frontière concernant les étiquettes « produit des États-Unis » sur la viande, la volaille et les œufs pourrait perturber les chaînes d’approvisionnement.

Le ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA) a annoncé lundi une règle définitive sur les conditions dans lesquelles les étiquettes « produit des États-Unis » ou « fabriqué aux États-Unis » peuvent être utilisés sur une base volontaire. Il précise qu’elles seront autorisées pour la viande, la volaille et les ovoproduits uniquement pour les produits provenant d’animaux nés, élevés, abattus et transformés aux États-Unis.

Le secrétaire de l’Agriculture, Tom Vilsack, a indiqué que la règle, qui entrera en vigueur en 2026, garantira que lorsque les consommateurs verront l’étiquette, ils pourront savoir que chaque étape impliquée, de la naissance à la transformation, a été effectuée aux États-Unis.

Un changement radical par rapport à la politique actuelle

Mais le ministre canadien de l’Agriculture, Lawrence MacAulay, et la ministre du Commerce international, Mary Ng, se disent déçus que la règle ne semble pas prendre en compte les préoccupations qu’ils ont soulevées concernant la « relation commerciale unique et importante » entre les deux pays.

Ils affirment que « les secteurs de la viande et de l’élevage au Canada et aux États-Unis travaillent en étroite collaboration » et que le Canada a l’intention de soulever la question lors de la réunion trilatérale des ministres de l’Agriculture avec les États-Unis et le Mexique prévue au Colorado plus tard ce mois-ci.

La règle constitue un changement radical par rapport à la politique actuelle, qui autorise l’utilisation volontaire de telles étiquettes sur les produits provenant d’animaux importés d’un pays étranger et abattus aux États-Unis, ainsi que sur la viande importée et reconditionnée ou transformée.

Une adhésion volontaire

« L’annonce d’aujourd’hui est une étape essentielle vers la protection des consommateurs et s’appuie sur le travail de l’administration Biden-Harris visant à renforcer la confiance et l’équité sur le marché où les petits transformateurs peuvent rivaliser », a assuré Vilsack après avoir annoncé le règlement final lundi au National Farmers. Convention annuelle du syndicat à Phoenix, en Arizona.

Le communiqué de l’USDA indique que le règlement « produit des États-Unis » est soutenu par des pétitions, ainsi que par des milliers de commentaires de parties prenantes et par les données d’une enquête nationale auprès des consommateurs. Il a également déclaré que l’adhésion à l’étiquetage « produit des États-Unis » ou « fabriqué aux États-Unis » continuerait d’être volontaire.

La déclaration commune de M. MacAulay et Mme Ng indique que le Canada « examine attentivement la règle finale » : « Notre relation indispensable permet aux producteurs, aux transformateurs et aux consommateurs des deux côtés de la frontière de bénéficier de marchés efficaces, stables et compétitifs, tout en garantissant un approvisionnement fiable en produits de haute qualité. Le Canada demeure préoccupé par toute mesure susceptible de perturber les chaînes d’approvisionnement fortement intégrées de la viande et du bétail en Amérique du Nord. »

« Cette règle entraînera une discrimination »

Dans une déclaration, la Canadian Cattle Association (CCA), qui représente les fermes d’élevage de bovins et les parcs d’engraissement, a qualifié cette règle de « norme la plus rigoureuse au monde ».

« Il est crucial de s’attaquer à tout problème qui menace ou diminue le commerce du bétail et de la viande bovine entre le Canada et les États-Unis, a affirmé le président de la CCA, Nathan Phinney, dans le communiqué. Nous sommes très préoccupés par le fait que cette règle entraînera une discrimination à l’égard des importations de bovins sur pied et nuira à l’intégration bénéfique de la chaîne d’approvisionnement nord-américaine. »

Les règles volontaires d’étiquetage sont différentes des étiquettes de pays d’origine, connues sous le nom de COOL, qui obligeaient les entreprises à divulguer le lieu de naissance, d’élevage et d’abattage des animaux fournissant du bœuf et du porc. Cette exigence a été abrogée en 2015, à la suite de différends commerciaux internationaux et d’une décision de l’Organisation mondiale du commerce.