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Crédit photo: Metro
||| Économie

Metro : des milliers de demandes de hausse de prix des fournisseurs

25 janvier 2023

Les consommateurs doivent s’attendre à subir d’autres hausses de prix à l’épicerie dans les prochaines semaines, prévient le grand patron de Metro Eric La Flèche. Malgré des bénéfices en hausse, il affirme que l’inflation alimentaire n’est pas une bonne nouvelle pour l’entreprise.

Traditionnellement, les grands épiciers canadiens n’augmentent pas leurs prix entre le 15 novembre et le 1er février. Dans les prochaines semaines et les prochains mois, les consommateurs constateront d’autres hausses de prix pour certains articles vendus chez Metro, prévient M. La Flèche. « On a reçu quelques milliers de demandes d’augmentations de la part des fournisseurs, a-t-il souligné en conférence de presse mardi. On fait beaucoup de travail pour amoindrir l’impact sur les consommateurs. »

Pour illustrer l’ampleur des pressions inflationnistes dans l’industrie alimentaire, M. La Flèche a mentionné que Metro a enregistré près de 27 000 demandes de hausse de prix de plus de 10 % en moyenne de la part de ses fournisseurs uniquement pour les aliments secs (exclus la viande et les fruits et légumes frais) au cours de l’exercice 2022.

Au cours du premier trimestre (terminé le 17 décembre), l’inflation du panier alimentaire a été de 10 % chez Metro. Cette tendance touche l’ensemble de l’industrie tandis que l’inflation alimentaire était de 11 % en décembre, selon Statistique Canada. Les grands épiciers canadiens (Metro, Loblaw et Sobey’s) reçoivent une plus grande attention de la part des élus, des médias et des consommateurs, dans un contexte de flambée des prix. Les trois entreprises font d’ailleurs l’objet d’une étude du Bureau de la concurrence annoncée à la fin octobre.

Metro se défend de profiter de la concentration de l’industrie pour augmenter sa rentabilité. La forte inflation alimentaire n’est pas une bonne nouvelle pour l’entreprise, assure son président et chef de la direction. « Ça met clairement de la pression dans le système et c’est plus difficile à gérer. » Il ajoute que les épiciers sont le dernier maillon de la chaîne d’approvisionnement. Les augmentations en épicerie sont plus visibles du grand public, mais la pression s’exerce tout au long de la chaîne, a-t-il précisé.

M. La Flèche affirme que Metro a également absorbé une partie de la pression inflationniste. La diminution de la marge brute qui est passée de 19,9 % à 19,6 % en serait une démonstration, selon lui. En 2019, avant la pandémie, la marge brute était de 19,4 % au premier trimestre.

Résultats supérieurs aux attentes

L’augmentation des prix a tout de même permis à Metro de dévoiler des revenus et des bénéfices supérieurs aux attentes au premier trimestre, selon les résultats publiés plus tôt mardi. Le propriétaire des enseignes Metro, Super C et Jean Coutu a dévoilé un bénéfice net de 231,1 millions $, ce qui représente une progression de 11,3 % par rapport à la même période l’an dernier. Le bénéfice ajusté dilué par action s’établit à 1 $. Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice par action de 98 cents, selon la firme Refinitiv.

Les ventes de Metro ont augmenté de 8,2 % à 4,671 milliards $ par rapport à la même période l’an dernier. Les ventes comparables dans le secteur de l’alimentation, une donnée qui exclut les fermetures et les ouvertures de magasins, ont augmenté de 7,5 %. Dans le secteur de la pharmacie, les ventes comparables ont progressé de 7,7 %, grâce à une saison grippale plus intense que la moyenne tandis que la grippe, le rhume, la COVID-19 et le virus syncytial ont largement circulé.

Dans l’ensemble, Metro a légèrement dépassé les attentes des analystes grâce à des ventes vigoureuses et à un bon contrôle de ses coûts tandis que les marges étaient sous pression, résume l’analyste de CIBC Marchés mondiaux, Mark Petrie. « Ce sont de très bons résultats compte tenu de l’inflation et du fait que Metro a déjà une structure opérationnelle légère », commente-t-il.

Chris Li, de Desjardins Marché des capitaux, croit que l’entreprise sera en mesure d’augmenter son bénéfice par action de 8 % cette année, malgré une modération de l’inflation. « Son évaluation à prime à 17,5fois le ratio cours-bénéfice, par rapport à une moyenne de 16 fois, nous incite toutefois à rester sur les lignes de côté. »

Le conseil d’administration de Metro a adopté une hausse de 10 % du dividende trimestriel de la société. L’action de Metro gagnait 1,62 $, ou 2,18 %, à 76$ à la Bourse de Toronto, en début d’après-midi.

(avec La Presse Canadienne)