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Crédit photo: Metro
||| Économie

Metro prévoit une baisse de sa croissance en 2024

15 novembre 2023

L’impact à court terme des coûts des investissements « majeurs » de Metro dans trois centres de distribution a pris les investisseurs de court. La société montréalaise prévoit un ralentissement important de sa croissance l’année prochaine. La direction de Metro n’a pas l’habitude de faire des prévisions, mais elle a fait une exception pour l’exercice 2024 « par souci de transparence ». Elle prévient ses actionnaires que les coûts liés à ses investissements vont gruger sa rentabilité.

Le propriétaire des enseignes Metro, Jean Coutu et Super C prévoit que son bénéfice d’exploitation augmentera de moins de 2% au cours de l’exercice qui se terminera à la fin du mois de septembre 2024. L’entreprise maintient son objectif d’accroître son bénéfice par action d’entre 8% et 10% à long terme. « C’est une grosse année de transition, commente le président et chef de la direction, Eric La Flèche. Nous avons bon espoir que ça se passe bien. Nous avons beaucoup appris à Toronto d’un précédent investissement. »

Au cours du prochain exercice, Metro procédera à la mise en service de son nouveau centre de distribution automatisé de Terrebonne, elle agrandira son centre de fruits et légumes de Montréal et lancera la phase finale de son centre automatisé de produits frais à Toronto au printemps prochain. Cette période de transition entraînera une valse logistique qui nécessitera des dédoublements temporaires au sein des activités de distribution de l’entreprise.

« Nous avons commencé les opérations à Terrebonne, mais nous n’avons pas encore arrêté les opérations dans les anciens centres de distribution. La transition va se faire sur plusieurs mois, explique M. La Flèche. Nous avons commencé avec le surgelé. Les choses vont bien. Nous ferons le poisson par la suite. Après, nous prendrons une pause pendant les Fêtes. Au début de l’année, nous irons avec les produits frais. »

Un coût plus élevé qu’anticipé

L’ampleur du poids des investissements sur la rentabilité est une surprise pour les investisseurs, constate l’analyste de Desjardins Marché des capitaux Chris Li. « Bien que nous croyons que les investisseurs anticipaient un certain coût, celui-ci est plus élevé qu’anticipé. Le consensus des analystes prévoit une progression de 6% du bénéfice par action. »

M. La Flèche se défend de prendre les investisseurs par surprise. « Je ne suis pas responsable de leurs prévisions. Nous avons été transparents. Ces investissements sont connus. Nous en parlons depuis 2017 ou 2018. »

L’analyste de RBC Marché des capitaux Irene Nattel n’est pas préoccupée par cette baisse de la rentabilité à court terme. « Les investisseurs vont visiblement être déçus des prévisions de l’exercice 2024, mais Metro a un bon bilan en matière d’exécution et de prévisibilité de ses résultats. Nous croyons que les investisseurs regarderont au-delà de 2024 et se concentreront sur la reprise de la croissance en 2025. »

Modération de l’inflation

L’entreprise a constaté une modération de l’inflation alimentaire l’été dernier, mais la progression reste beaucoup plus élevée qu’avant la pandémie. L’inflation alimentaire atteint ainsi 5,5% chez Metro au cours de la période de trois mois qui se termine le 30 septembre par rapport à 8% trois mois plus tôt. La société montréalaise souligne que ce seuil est inférieur à la moyenne au pays. Au Canada, l’inflation alimentaire a suivi une trajectoire comparable passant de 8,3% en juin à 5,9% en septembre, selon Statistique Canada.

Les résultats de Metro couvrent une période antérieure à la convocation du gouvernement Trudeau, qui a demandé aux épiciers de trouver des moyens d’abaisser leurs prix, tandis que la menace d’un impôt spécial a été évoquée. « Nous recevons toujours des demandes d’augmentations de prix des grands fournisseurs, raconte M. La Flèche. Notre équipe va négocier autant que possible. Nous croyons que l’inflation va se modérer à l’avenir. »

Le dirigeant affirme qu’il n’a pas vu de changements notables dans les comportements des consommateurs. Ceux-ci favorisent toujours les enseignes au rabais (Super C) ainsi que les marques privées, constate-t-il.

Résultats inférieurs aux attentes

Metro a dévoilé mercredi des résultats financiers inférieurs aux attentes des analystes au quatrième trimestre clos le 30 septembre, malgré une hausse de ses ventes comparables de 6,8% en épicerie. La société a affiché un bénéfice net de 222,2 millions $, en hausse de 31,7%. L’an dernier, le bénéfice de Metro avait été réduit en raison d’une charge liée à l’abandon du programme Air Miles par Jean Coutu. Sans cette charge, le bénéfice aurait augmenté de 4,3%. Le bénéfice ajusté dilué par action atteint 99 cents.

Le conflit de travail dans 27 magasins de la région de Toronto a retranché environ 27 millions $ au bénéfice net de l’entreprise au quatrième trimestre. Les revenus, pour leur part, ont augmenté de 14,4% à 5,07 milliards $. La société souligne que l’exercice 2023 comptait une semaine de plus, soit 53 semaines. Sans cette semaine supplémentaire au quatrième trimestre, les revenus auraient progressé de 5,4%.

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice par action de 1,07 $ et des revenus de 5,09 milliards $, selon la firme de données financières Refinitiv. L’action de Metro perd 4,24$, ou 5,61%, à 71,73$ à la Bourse de Toronto en fin d’avant-midi.

(avec La Presse Canadienne)

Mots-clés: Canada