Le marché des viandes végétales pourrait connaître une croissance
Malgré ses récents déboires, le marché des viandes végétales pourrait connaître une croissance, estiment des experts. Toutefois, celle-ci nécessitera des investissements. Par exemple, le PDG de Protein Industries Canada, Bill Greuel, dit que des investissements sont nécessaires dans les capacités intérieures de transformation, ce qui permettrait de réduire la différence de prix entre les viandes normales et végétales. L’une des priorités est d’attirer des investisseurs du secteur privé pour construire des installations pouvant transformer la viande végétale.
Le marché des viandes végétales avait le vent dans les voiles avant la pandémie. Par exemple, aux États-Unis, les ventes reliées aux viandes végétales ont augmenté de 42% de mars 2016 à mars 2019, selon Nielsen. Au Canada, les ventes ont crû de 7% pour l’année 2016-2017, selon un rapport du Conseil national de recherche du Canada publié en 2019.
Autre exemple : au deuxième trimestre de 2020, l’entreprise canadienne Maple Leaf avait rapporté des revenus en hausse, grâce à des gains de 41% de son secteur des protéines végétales. Elle avait lancé en 2018 une filiale, GreenLeaf Foods, et annoncé des investissements dans des usines de transformation. L’intérêt des grandes entreprises comme Maple Leaf aux viandes végétales signalait aussi un intérêt grandissant des consommateurs.
Le début de pandémie n’a pas ralenti les ventes, mentionne Bill Greuel : « Plusieurs consommateurs ont modifié leurs habitudes. Ils ont dû cesser d’aller au restaurant pour cuisiner chez eux. Ils cherchaient de nouveaux produits et de nouvelles expériences ».
Mais, selon lui, cette croissance était insoutenable. La demande a fortement ralenti, au point que certaines entreprises comme Beyond Meat ont dû annoncer récemment des mises à pied. Aliments Maple Leafs avait déjà faire part de son intention de réévaluer sa place sur le marché des protéines végétales, car la croissance escomptée ne s’est jamais réalisée.
Un meilleur avenir ?
Pour s’imposer, le marché des viandes végétales devra apporter quelques améliorations à ses produits. Ellen Goddard, une économiste de l’Université de l’Alberta, juge que trop de produits ne respectent pas les goûts des consommateurs. Autre problème : le prix, lequel est devenu la principale préoccupation des consommateurs depuis quelques années. « Malheureusement, le secteur a amorcé son envol en pleine période fortement inflationniste », souligne-t-elle.
Le Canada est le plus grand exportateur mondial de légumineuses, selon Pulse Canada. Malgré l’avantage de cultiver certains des ingrédients fondamentaux à la préparation des viandes végétales, le pays peine à suivre la croissance de la demande en raison de ses faibles capacités de transformation, dit M. Gueuel.
Comme la production de légumineuses est en grande partie exportée, de nouvelles entreprises de transformation canadiennes ont l’occasion « d’étendre leurs opérations à l’échelle nationale et à l’économie canadienne d’augmenter ses exportations et sa diversification », avait écrit le Conseil national de recherches.
Inciter des investisseurs à s’intéresser au marché des viandes végétales pourrait être un défi difficile à relever, convient M. Greuel. La construction d’une usine de transformation peut coûter plusieurs centaines de millions de dollars et représente un risque à long terme.
« Un marché en période de stabilisation »
En septembre 2023, un rapport de la firme Ernst & Young pour Protein Industries Canada donnait des perspectives moins sombres. En raison de la croissance de la population mondiale, les viandes végétales à base de protéines pouvaient devenir une prometteuse source alimentaire plus durable. Ce marché pouvait voir ses revenus atteindre de 88,3 milliards $US à 139,4 milliards $US d’ici 2035 à l’échelle mondiale, ajoute le rapport. En 2021, ils s’élevaient à 16,5 milliards $.
Selon le rapport du Conseil national de recherches, plus de 40% de la population tentent activement d’incorporer plus de viandes végétales dans leur régime. Les gens souhaitent encore réduire leur consommation de viande animale, dit Robert Carter, du groupe StratonHunter. Selon lui, l’intérêt envers la viande végétale connaîtra un nouvel essor dès que les conditions économiques s’amélioreront. Le marché poursuit sa croissance, mais pas au rythme prévu, avance-t-il. Il est dans une période de stabilisation.
Les plus jeunes générations qui aimeraient manger davantage de viandes végétales pourraient être la principale source de la croissance de ce marché, prédit Pr. Goddard : « Le message environnemental compte vraiment pour les plus jeunes générales ».
(avec La Presse Canadienne)
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