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Crédit photo: DUX manger mieux

Luc Prévost : faire carrière dans l’alimentation

26 avril 2022 | Par Sophie Poisson

Luc Prévost, vice-président exécutif ventes et marketing chez VegPro International, situé à Sherrington en Montérégie, a remporté le 12 avril dernier le Prix Personnalité de L’actualité ALIMENTAIRE 2022 lors du Gala des Grands Prix DUX mieux manger. Il a été choisi parmi toutes les Personnalités du mois de 2022. « Je trouve la formule très intéressante car la Personnalité du mois nomme la suivante et explique pourquoi, explique Luc Prévost. Ça donne à l’industrie alimentaire une voie informelle. »

Mettre les acteurs de l’industrie de l’avant pourrait être une façon de susciter des vocations. Les jeunes enfants vont à l’épicerie avec leurs parents par obligation, puis y reviennent une fois arrivés à l’âge adulte, lorsqu’ils emménagent dans leur propre appartement. La nouvelle génération serait en plus très axée sur la restauration et non pas sur l’épicerie. « On a besoin d’une industrie alimentaire en santé et je ne crois pas qu’il y ait assez de jeunes sortant de l’école qui aspirent à travailler dans l’industrie alimentaire. C’est pourtant une industrie qui sera toujours là, dynamique, changeante et qui offre plein de possibilités. Selon moi, ça mérite d’être vanté ! », insiste le vice-président.

Il a lui-même fait toute sa carrière dans l’alimentation. « Dans notre quotidien et de façon systématique, on touche à notre industrie à titre personnel et professionnel, se réjouit Luc Prévost. Je ne connais pas beaucoup d’industries qui nous permettent de faire ça. » Lors d’un passage en épicerie, il s’amuse alors à comprendre ses réflexes de consommateur en fonction du produit et du type d’offre. Par exemple, si un magasin annonce deux pots de yogourt pour 4 $, même si celui à l’unité coûte 2 $, il aura tendance à en prendre plusieurs. Par contre, si un pot de moutarde est en réduction à condition d’en acheter au moins trois, les réticences sont plus grandes et s’accompagnent d’une question : « Combien de temps ça va me prendre pour consommer ces trois produits ? ».

Augmenter le recyclage, réduire le transport

Luc Prévost a commencé son parcours professionnel il y a 25 ans dans l’industrie brassicole, puis il s’est tourné vers les fruits et légumes surgelés avant d’aller du côté des pâtes alimentaires surgelées et enfin des jus. Depuis six ans, il travaille chez VegPro International, producteur de légumes frais au Canada depuis 1998, spécialisé dans la culture et l’emballage de jeunes pousses de laitues. « C’est une tout autre aventure parce qu’il y a un aspect hautement périssable : notre produit ne dure que 20 jours de la culture à l’assiette », souligne-t-il.

Récoltées individuellement, les jeunes pousses requièrent un emballage rigide pour les protéger lors des manipulations et du transport, tout en leur permettant de respirer. Un partenariat a ainsi vu le jour avec Cascades – dont la vice-présidente marketing et innovation, Evelyn Lafontaine, est d’ailleurs celle qui a nommé Luc Prévost Personnalité du mois - pour que l’emballage soit 100 % recyclable et fait de plastique recyclé. « Quand un joueur comme nous, qui enregistre plus d’un million d’emballages par semaine, fait ce virage, ça crée une industrie et donc un intérêt à investir dans le recyclage, ce qui manquait beaucoup avant ! », assure le vice-président.

L’entreprise sème, récolte, entrepose et emballe sur demande. Elle contrôle donc la qualité des produits à partir des champs – au Québec et en Floride – et jusqu’à l’assiette. Ses 20 années d’existence lui permettent aussi de connaître ses clients, leurs achats et l’impact des promotions sur leurs achats, et donc de s’adapter à la demande plutôt que d’avoir des surplus ou des manques.

Malgré tout, VegPro International est dépendante des éléments météorologiques : « Ce n’est pas le patron qui est en charge ici, mais Dame Nature », sourit Luc Prévost. Différentes stratégies sont mises en place dans les champs pour limiter les dégâts, comme les filets anti-grêle. Malgré tout, il n’y aurait aucune répercussion sur les coûts en épicerie : « En faisant la récolte localement, on réduit grandement les coûts reliés au transport, en plus de limiter l’impact environnemental », affirme le vice-président.

Approvisionnement local

L’engouement des consommateurs et des détaillants pour les produits locaux se fait sentir depuis la pandémie. « Certains produits en bénéficient peut-être plus que d’autres, par exemple les produits en serre qui peuvent être présents en magasin 12 mois par année », analyse le professionnel. Il estime toutefois qu’il va falloir des décennies d’investissement pour que la culture en serre soit capable de produire suffisamment pour nourrir la population.

L’hiver, VegPro International fait pousser ses légumes aux États-Unis. Luc Prévost est ainsi amené à voyager et il considère que les différences alimentaires ne sont pas tant entre les deux pays, mais plutôt entre les différents types de détaillants et leurs façons de présenter un même produit. Il donne plusieurs raisons : l’historique – par exemple, un détaillant qui a toujours eu le même fournisseur et la même façon de faire sa présentation - et le goût pour l’innovation – certaines bannières peuvent être plus aventureuses que d’autres. « Il n’y a pas énormément d’innovation de produit autour de la laitue, mais différents formats et/ou mélanges peuvent stimuler la croissance d’un détaillant par rapport à un autre », assure le vice-président.

Une autre façon de manger local l’hiver est à travers les produits congelés. Luc Prévost est lui-même un grand consommateur de certains produits surgelés à certains moments de l’année, par exemple quand les fraises sont difficiles à trouver et que la qualité n’est pas optimale parce qu’elles viennent de loin ou que la récolte est réduite : « Moins la récolte est bonne, moins la qualité est bonne, et plus les prix sont élevés. En tant que consommateur, je vais donc souvent me tourner vers les rayons du surgelé pour des bleuets ou encore des légumes. Ça a tout son sens parce que ça a été récolté au moment où le produit était prêt et ça a été surgelé, donc une fois apprêté, le produit est aussi bon qu’un produit frais sorti de terre il y a trois jours. »

La pandémie a aussi mis l’accent sur le rayon surgelé parce les consommateurs avaient peur de manquer de nourriture et cherchaient à faire des réserves. « Si j’avais mon propre magasin, je serais tenté de mettre un congélateur ou deux dans la section du frais… »

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