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Crédit photo: La Presse Canadienne / Chris Young
||| Économie

Loblaw veut répondre aux critiques des consommateurs

8 mai 2024 | Par La Presse Canadienne

Emily Johnson, l’une des organisatrices du boycott d’un mois des magasins appartenant à Loblaw, a rencontré le président et chef de la direction de l’entreprise, Per Bank, jeudi dernier. L’entreprise ontarienne avait indiqué avoir contacté les organisateurs du boycott pour prévoir une réunion.

À l’origine de la page Reddit qui a conduit au boycott et attiré l’attention des clients frustrés avec des dizaines de milliers de membres, Emily Johnson a fait part des préoccupations et des questions des consommateurs avec le directeur général du géant de l’alimentation.

« De toute évidence, le boycott est toujours d’actualité, a déclaré Emily Johnson. Je suis confiante dans le fait que nous avons des interlocuteurs, que nous avons leur attention et qu’ils écoutent ce que nous avons à dire et ce que nous voulons faire. »

Supprimer les promotions « achats multiples »

Per Bank a, quant à lui, estimé que la conversation a été productive, selon la porte-parole de Loblaw, Catherine Thomas : « Nous écoutons et pensons qu’il était important d’entendre ses préoccupations en personne. » Le PDG a discuté de certaines des mesures prises par l’épicier pour tenter d’aider les clients aux prises avec la hausse du coût de la vie, a rapporté Catherine Thomas.

L’une de ces mesures consiste à supprimer les promotions « achats multiples », grâce auxquelles les clients obtiennent un meilleur prix par item s’ils achètent plus d’un article dans les magasins No Frills. Les clients disposant de budgets plus serrés ne peuvent pas profiter de telles offres s’ils ne peuvent pas s’offrir quatre articles au lieu d’un, par exemple, même lorsque le prix unitaire est inférieur.

« Les commentaires des clients de ces magasins étaient que cela ne leur apportait aucun avantage, d’autant plus que la taille des paniers y était plus petite, et qu’ils appréciaient ce changement, a déclaré Catherine Thomas. Dans d’autres magasins, où les clients ont tendance à acheter davantage, les achats multiples sont souvent une vente populaire. »

Répondre aux critiques

Per Bank et le président de Loblaw, Galen Weston, se sont exprimés jeudi lors de l’assemblée générale annuelle de la société, où ils se sont défendus contre ce qu’ils ont qualifié de « critiques malavisées » à l’égard de l’entreprise.

« Laissez-moi vous assurer que dans tous les domaines de l’entreprise, nos collègues travaillent dur pour réduire les coûts et faire les choses plus efficacement. Ces efforts nous ont permis de réinvestir nos économies pour compenser l’impact de l’inflation des prix dans nos magasins », a déclaré Per Bank.

À mesure que le nombre de personnes dans le groupe Reddit augmentait, les appels au boycott prenaient de l’ampleur. La date officielle du début du boycott était le 1er mai, le jour même où Loblaw a annoncé que ses bénéfices du premier trimestre avaient augmenté de près de 10% par rapport à la même période l’an dernier.

Les clients, de plus en plus touchés par la hausse des prix des denrées alimentaires et par les bénéfices réalisés par les épiceries, ciblent Loblaw comme épicentre des frustrations pour la direction. « En tant qu’entreprise bien connue et plus grand épicier du Canada, il est naturel que Loblaw soit désignée prise en exemple par les médias et le gouvernement et, bien sûr, concentre les frustrations des consommateurs », a déclaré Galen Weston.

Contre la hausse des prix

Emily Johnson a déclaré que la demande de réunion de Loblaw l’avait prise par surprise et qu’au début, elle et les autres organisateurs n’étaient pas sûrs de savoir si elle devait l’accepter.

« Je me suis dit "écoutons-les", a-t-elle déclaré. Parce que si nous ne sommes pas là pour résoudre le problème, ou si nous ne sommes pas là pour essayer de résoudre le problème, alors pourquoi boycottons-nous ? Mes objectifs étaient de m’asseoir et d’avoir une conversation avec lui, de partager ces points de vue, d’entendre leur point de vue et de présenter ces informations à la communauté. »

Le 3 mai dernier, les boycotteurs ont également lancé une pétition parrainée par le député néo-démocrate Matthew Green appelant les parlementaires à s’attaquer aux « pratiques monopolistiques dans le secteur de la vente au détail de produits alimentaires », à enquêter sur des pratiques telles que la réduflation et les allégations de fixation des prix ou de collusion, et à mettre en œuvre des mesures pour promouvoir une concurrence loyale dans le secteur de la vente au détail de produits alimentaires.

Le but est aussi d’explorer les moyens d’empêcher « des prix excessifs sur les produits alimentaires essentiels » et obliger Loblaw et Walmart à signer le code de conduite des épiceries. Un comité de la Chambre des communes a étudié les prix des denrées alimentaires ainsi que le code de conduite des épiceries et a exhorté les deux épiciers à y adhérer. En juin dernier, le Bureau de la concurrence a publié un rapport sur le secteur de l’épicerie, le qualifiant de « concentré », et formulant des recommandations pour améliorer la concurrence dans l’industrie.

Si l’objectif principal du boycott était d’avoir un impact financier sur l’entreprise, Emily Johnson espérait également que cela permettrait d’éduquer les gens et attirerait l’attention du gouvernement.

Mots-clés: Canada