Tarification dynamique : Kroger pointée du doigt aux États-Unis
Kroger, la plus grande chaîne de supermarchés des États-Unis, fait l’objet d’une enquête concernant l’utilisation d’étiquettes de prix électroniques dans les rayons des magasins du pays pour savoir si l’entreprise pratique des prix plus élevés, indique le Dailymail.
La tarification dite « dynamique » est courante dans d’autres secteurs, tels que les vols, les hôtels et les services de taxi comme Uber où les clients paient plus ou moins cher en fonction de la demande.
La crainte des dérives
Cette pratique peut susciter la controverse, notamment en ce qui concerne les produits de première nécessité tels que les produits d’épicerie, et fait craindre que les entreprises ne commencent à obliger les clients à payer plus cher aux heures de pointe. C’est ce qui inquiètent certains sénateurs dans le cas de Kroger, les législateurs ayant demandé à la chaîne des informations sur la manière dont elle utilise la technologie et sur sa justification.
Dans la lettre adressée au directeur de Kroger, Rodney McMullen, il est mention des possibles dérives de l’enseigne mais aussi de la pratique liée aux prix dynamiques : « Ces étiquettes numériques pourraient permettre à Kroger et à d’autres chaînes de supermarchés de passer à une tarification dynamique, dans laquelle le prix des produits ménagers de base pourrait augmenter en fonction de l’heure de la journée, de la météo ou d’autres événements transitoires, ce qui permettrait aux magasins de calibrer les augmentations de prix afin de dégager un maximum de bénéfices à un moment où la part du revenu des Américains consacrée à l’alimentation n’a jamais été aussi élevée depuis 30 ans », rapporte le Cincinnati Enquirer.
L’entreprise américaine n’est pas la seule à l’utiliser. Walmart a annoncé en juin qu’il prévoyait d’introduire des étiquettes numériques dans des milliers de magasins. Il n’est pas certain qu’ils fassent également l’objet d’une enquête.
Malgré les avantages potentiels d’une telle technologie, le contrat moral entre l’industrie et les consommateurs reste flou selon Sylvain Charlebois, directeur du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaires de l’Université Dalhousie. « Les consommateurs n’ont pas encore saisi comment la tarification dynamique peut fonctionner en leur faveur », soulève-t-il dans une chronique pour La Presse en mars dernier.
Pour se défendre des principales critiques, Walmart a déclaré récemment que la nouvelle technologie offrirait aux clients « une expérience d’achat encore meilleure » avec des tests cette année.
L’intégration progressive de l’IA dans les opérations commerciales montre que la tarification dynamique en est encore à ses prémices « mais celle-ci doit penser à placer les consommateurs au premier plan, en veillant à ce que les avantages ne soient pas uniquement récoltés par l’industrie », conclut le spécialiste.
