Saputo hausse son profit malgré une baisse de revenus
Le transformateur laitier Saputo sort de la pandémie avec de grandes ambitions, soit d’investir de nouveaux marchés et de multiplier les nouveaux produits à base de plantes, tout en maintenant la production de fromage comme activité principale. Cette semaine, l’entreprise a présenté en même temps que ses résultats financiers un plan stratégique mondial par lequel elle entend voir sa croissance annuelle se situer entre 5 à 10 % durant les quatre prochaines années, ce qui ferait passer son bénéfice ajusté de 1,471 milliard $ en 2021 à 2,125 milliards $ d’ici la fin de son exercice 2025, soit une hausse de 44,5 %.
Certains sacrifices pourraient toutefois être exigés pour y arriver, notamment la délocalisation de certaines usines au Canada et aux États-Unis. Bien que les résultats soient en deçà des attentes des analystes, le président et chef de la direction de l’entreprise, Lino Saputo, a affirmé que « dans un environnement difficile et imprévisible, je suis satisfait de la solide performance que nous avons livrée cette année ».
Saputo affiche un bénéfice net du quatrième trimestre en hausse de 16,2 % par rapport à l’an dernier, malgré une diminution de 7,5 % de ses revenus. La multinationale montréalaise a réalisé un bénéfice net de 103,1 millions $ pour son trimestre clos le 31 mars, alors que celui-ci avait atteint 88,7 millions $ pour la même période un an plus tôt. Les analystes s’attendaient à de meilleurs résultats, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.
Acquisitions, automatisation et délocalisation
Les résultats espérés grâce au plan stratégique ne tiennent pas compte d’acquisitions à venir, mais à deux reprises, Lino Saputo a reconnu que l’entreprise a « toujours un grand appétit pour les acquisitions dans les marchés où nous croyons qu’elles viendraient complémenter nos plans de croissance ».
Cependant, les pénuries de main-d’oeuvre dans plusieurs régions d’Amérique du Nord représentent un défi de taille. Le président et chef de l’exploitation pour l’Amérique du Nord, Carl Colizza, n’a pas caché que la difficulté d’accès à la main-d’oeuvre était une des priorités de l’entreprise. « Nous allons automatiser autant de fonctions que nous le pouvons. Il y a toujours des secteurs dans les usines que nous pouvons automatiser et il y a d’autres secteurs où nous pouvons explorer de nouvelles technologies et de nouvelles façons de travailler. »
Ainsi, il prévoit « prendre de l’expansion dans les communautés où nous le pouvons, où il y a une main-d’oeuvre accessible et, en toute franchise, potentiellement quitter les régions où c’est plus difficile. Nous ne pouvons nous cacher de cela. Il y a des régions rurales du Canada et des États-Unis qui ne sont plus viables pour les opérations manufacturières et nous devrons résoudre cela dans notre plan. »
Conséquences de la pandémie
L’arrivée de la pandémie, deux semaines avant la fin du quatrième trimestre de l’an dernier, a tout de même eu un impact important pour l’entreprise, qui a observé une baisse des revenus tirés des services alimentaires et du segment industriel alors qu’une augmentation a été enregistrée dans les ventes au détail. Ainsi, les volumes de ventes ont diminué au plus récent trimestre, par rapport à l’an dernier, même si Saputo a noté une hausse dans le segment industriel. Ils se sont ainsi chiffrés à 3,44 milliards $, comparativement à ceux de 3,72 milliards $ de la même période en 2020.
La baisse des prix sur les marchés internationaux du fromage et des ingrédients laitiers a eu une incidence négative sur les produits, a notamment expliqué l’entreprise. La direction note, plus récemment, une baisse dans les ventes au détail avec une reprise du côté des services alimentaires, mais on ne manque pas de noter qu’environ 10 % des restaurants aux États-Unis n’ont pas rouvert leurs portes.
Elle a aussi dû composer avec des difficultés d’expéditions dans plusieurs pays, incluant une pénurie de conteneurs à un certain moment. Les prix des matières premières ont aussi augmenté, forçant une hausse de prix des produits, mais celle-ci semble avoir été assez limitée pour éviter d’affecter les ventes à la consommation.
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(La Presse Canadienne)
