Relocalize ouvrira la première micro-usine autonome de glace au monde
Relocalize à Montréal est l’un des cinq projets canadiens retenus par le Réseau canadien d’innovation alimentaire, dans le cadre de son programme FoodTech Next. Il recevra plus de 246 000 $ pour installer en mars la première micro-usine autonome au monde pour l’alimentation et les boissons. Elle produira à la demande de la glace conditionnée hyperlocalement, depuis un centre de distribution en Floride qui desservira initialement un minimum de 71 détaillants et à terme 137. Entrevue avec Wayne McIntyre, président-directeur général de Relocalize.
Pouvez-vous présenter votre entreprise, s’il vous plaît ?
Relocalize n’est pas tant une entreprise de glace qu’une entreprise de décarbonisation. Nous créons des micro-usines entièrement autonomes qui font environ 5 % de la taille d’une usine de glace traditionnelle. L’idée est de les implanter hyperlocalement, dans des endroits stratégiques, pour ne plus avoir à transporter l’eau par camion et émettre autant de gaz à effet de serre. Pourquoi transporter de l’eau par camion alors qu’elle sort des robinets de chaque bâtiment en Amérique du Nord ? Nous limitons le trajet au dernier kilomètre, ce qui permet de gagner du temps, de l’espace d’entreposage et de l’argent. Nous estimons une réduction allant jusqu’à 30 % des coûts de production et jusqu’à 90 % des CO2 liés au transport.
Vous parlez de glace, mais est-ce que d’autres produits pourraient être envisagés ?
Nous commençons par le sac de glace parce que le marché est vraiment intéressant : il représente 8,5 milliards de dollars ! Aussi, la glace coûte très cher à transporter par camion et si vous prenez l’exemple du Québec, il y a une seule usine basée à Dorval qui approvisionne toute la province. Nous pensons que c’est un problème aujourd’hui, en lien avec notre lutte contre les changements climatiques. De plus, notre arrivée peut représenter un avantage pour les détaillants qui jusque-là font face à un monopole.
Dans un deuxième temps, nous viserons les boissons ! À long terme, nous voulons également nous attaquer aux enjeux liés au plastique. Pour le moment, nous retirerons 2 kg de plastique de l’océan pour chaque kilogramme de plastique que nous utiliserons afin d’obtenir la certification Plastique négatif.
La production de glace est donc une façon pour chercher à améliorer chaque étape de notre chaîne d’approvisionnement, de la conception à la mise en marché. Dois-je être vert ou efficace ? J’espère que nous pourrons faire les deux !
Comment prévoyez-vous gérer la production à la demande ?
La micro-usine est conçue pour servir, selon l’emplacement, de 100 à 150 détaillants. Notre équipement est conçu pour gérer les plus fortes demandes dans les 24 heures et s’il ne tourne qu’à 50 % lors des plus faibles demandes, ce n’est pas grave parce que nous ne dépensons pas d’argent pour toutes les autres choses comme les aires de stationnement pour les camions ou les multiples chariots élévateurs.
Quel pourrait être le prix final chez le détaillant ?
Nous présentons notre produit comme du haut de gamme et durable, avec de vrais cubes présentés dans un emballage scellé sous vide. Et nous nous attendons à ce qu’il soit au même prix ou moins cher que ce qui se trouve sur le marché, mais au final, c’est au détaillant d’en décider.
Est-ce que l’hyperlocalisation permettra la personnalisation de l’offre ?
Oui, vous pouvez personnaliser le produit à la région. Par exemple, aux États-Unis, les sacs sont de 4,5 kg tandis qu’au Canada, ils sont de 2,7 kg. Vous pouvez aussi avoir différentes tailles de cubes, voire différents arômes. Il sera aussi possible de fabriquer différentes boissons dans la même micro-usine, par exemple le thé glacé et l’eau vitaminée.
Quelle est votre vision d’entreprise ?
La première micro-usine sera donc en Floride et on prévoit pendant six mois de découvrir des éléments que nous allons pouvoir améliorer pour rendre le système plus fiable. Une deuxième micro-usine devrait être implantée au Canada et probablement une troisième aux États-Unis. Dès la fin 2024 ou le début 2025, nous espérons ouvrir de 25 à 50 micro-usines tous les trois mois et à terme, notre vision est d’en avoir des milliers à travers l’Amérique du Nord.
Au Québec, on prévoit de construire des micro-usines dans le Grand Montréal, potentiellement à l’extérieur de l’île. Et nous allons créer des emplois dans la métropole où se trouvera le centre de commandement et de contrôle de l’ensemble de nos micros-usines.
Est-ce que vous imaginez un jour installer votre équipement directement chez les détaillants ?
L’alimentation est la première source d’émissions de gaz à effet de serre dans le monde et je crois que jusqu’à présent, le plus gros problème pour la rendre plus durable est de trouver des technologies qui sont bonnes pour les consommateurs et pour la planète, tout en générant des bénéfices. Le problème avec les technologies en magasin est qu’elles coûtent très cher à entretenir. Nous essayons de rendre notre produit abordable, donc nous pensons que la meilleure solution est d’être très proche des détaillants, mais pas dans chacun d’entre eux.
Nous imaginons un avenir potentiel avec des plateformes comme DoorDash et Instacart pour livrer directement aux consommateurs. Une entreprise nous a approchés pour parler de livrer nos produits avec des drones. Alors qui sait ce que l’avenir nous réserve ?!