Pourquoi Sobeys ne mise plus autant sur les rabais ?
« L’époque où le discount surpassait largement le service complet touche à sa fin », constate Michael Medline, président et chef de la direction d’Empire, maison mère de Sobeys, dans une entrevue au Toronto Star en mars dernier. En effet, l’écart des profits entre les magasins à escompte et les supermarchés à gamme complète de services se réduit à mesure que les ventes et les bénéfices augmentent. C’est déjà le constat que fait l’entreprise, qui possède plusieurs bannières d’épicerie, dont Safeway, Farm Boy et la chaîne de magasins discount FreshCo. Au Québec, IGA ou encore Rachelle Béry font partie des marques du groupe. Et si la conjoncture économique se fait plus clémente, la tendance devrait se poursuivre.
Améliorer la productivité des magasins
Même si Empire envisage que les consommateurs reprennent confiance avec une prochaine baisse des taux d’intérêt, pas question d’attendre la relance de la consommation pour se retrousser les manches. « Nous ne restons pas immobiles. Nous avons beaucoup d’améliorations à faire », confie Michael Medline.
Le bénéfice net s’est élevé à 134,2 millions de dollars au troisième trimestre de l’exercice 2024 d’Empire, contre 125,7 millions de dollars en 2023. Malgré ces chiffres encourageants, le PDG continue à réduire les coûts au maximum « pour le consommateur canadien et pour notre entreprise ». Empire a récemment lancé un programme sur 11 semaines qui baisse ou bloque les prix de 1000 produits dans plusieurs de ses bannières. En revanche, il y a encore des augmentations importantes de la part de certains fournisseurs. On pense à des produits comme le sucre ou le cacao dont les prix fluctuent en raison de facteurs climatiques et géopolitiques qui ont un impact sur l’offre mondiale et donc sur les clients.
L’entreprise dit également travailler à renforcer son programme de fidélité Scène+ avec plus de personnalisation. De plus, elle se concentre sur l’expansion continue du commerce électronique, l’optimisation promotionnelle et l’amélioration de la productivité de ses magasins en modifiant l’agencement et en adaptant les assortiments de produits.
Ouvrir là où c’est rentable
Après avoir mené à bien deux stratégies de transformation au cours des six dernières années, Empire vise à accroître ses bénéfices à long terme grâce à la croissance du bénéfice net et aux rachats d’actions.
Comme le précise Michael Medline dans Progressive Grocer, l’entreprise a annoncé son intention de rénover 20 à 25% de son réseau de magasins au cours des trois prochaines années, avec l’objectif de continuer à accroître la présence de ses enseignes discount. Et ce n’est pas la hausse des coûts de construction qui semble lui mettre des bâtons dans les roues. L’équipe immobilière tout entière se mobilise pour être encore plus efficace en termes d’implantation de ces magasins. Le patron tranche : « nous n’accepterons pas de rendement inférieur… Nous n’allons pas jeter l’argent de nos investisseurs dans les toilettes. Nous allons installer des magasins là où ils seront rentables. »
Empire a d’ailleurs conclu une entente pour l’achat d’un terrain important à Montréal, dont la position hautement stratégique était « une opportunité à saisir qui ne se présente pas souvent », souligne Michael Medline. Ni le lieu ni les bannières ne seront dévoilés avant le développement officiel du site.
Enfin, l’entreprise a construit une installation ultramoderne en Alberta : une cuisine centrale qui desservira les magasins des provinces environnantes en offrant une grande sélection de plats prêts à cuisiner et prêts à manger. L’objectif est de proposer des « plats frais et savoureux » avec l’ambition de devenir leader sur le marché. Sobeys compte introduire progressivement plus de produits avec moins de gaspillage alimentaire et des coûts réduits. « Cette ouverture à Calgary n’est que le début et j’ai hâte d’en dire plus bientôt », conclut-il.