Les protéines alternatives gagnent en intérêt
Trois nouveaux rapports de l’organisation à but non lucratif The Good Food Institute (GFI) décrivent un paysage changeant dans le système alimentaire mondial. Les secteurs des aliments à base de plantes, de la viande cultivée et de la fermentation de précision affichent une croissance significative et une acceptation de plus en plus généralisée.
Ces rapports font suite à celui de la Plant Based Foods Association publié l’an dernier. Les deux organisations évoquent un potentiel important : le secteur des aliments à base de plantes a atteint un chiffre d’affaires record de 8 milliards de dollars l’année dernière, les secteurs naissants de la viande cultivée et de la fermentation de précision ayant recueilli près de 2 milliards de dollars combinés, tandis que les innovateurs à base de plantes ont récolté 1,2 milliard de dollars.
Parmi les récentes évolutions, le GFI note l’ajout par des grandes marques alimentaires de versions végétaliennes de produits emblématiques, des levées de fonds record et des innovations qui visent à résoudre certains des plus grands enjeux mondiaux, comme la sécurité alimentaire et les changements climatiques.
Le prix, le goût et la nutrition
« Alors que l’engagement et l’intérêt des consommateurs pour les protéines d’origine végétale augmentent dans le monde entier, les détaillants et les fabricants s’y intéressent, lancent de nouveaux produits, développent des partenariats stratégiques et construisent de nouvelles installations de production, indique le GFI. La participation du secteur public augmente également, avec davantage de gouvernements à travers le monde qui investissent dans les protéines d’origine végétale en tant que priorité de recherche et de commercialisation. »
Les grandes marques de distribution, dont Kraft Heinz, Kellogg, Nestlé et le groupe Bel, ont également adopté cette tendance. Le groupe Bel a par exemple annoncé qu’il allait collaborer avec AI pour améliorer les versions végétaliennes de ses gammes de fromages Babybel, Boursin et Vache qui rit.
Pour Michal Klar, partenaire fondateur de Better Bite Ventures et rédacteur en chef de la lettre d’information Future Food Now, les trois domaines qui poussent les consommateurs à adopter les produits à base de plantes sont le prix, le goût et la nutrition.
La production de viande devrait presque doubler
La production mondiale de viande devrait presque doubler d’ici 2050, selon GFI. Ce dernier précise que la façon dont on produit actuellement de la viande ne pourra pas répondre à cette demande tout en atteignant les objectifs mondiaux en matière de climat, de sécurité alimentaire, de santé publique et de biodiversité.
C’est en ce sens que la Food and Drug Administration (FDA) américaine a achevé son premier examen préalable à la mise sur le marché de la viande cultivée, accordant à l’entreprise californienne Upside Foods une autorisation « sans questions ». Elle a bénéficié d’un financement de 400 M$ et l’autre entreprise en démarrage californienne Wildtype a obtenu 100 M$ sur les 900 M$ que le secteur a reçu. Le nombre d’investisseurs uniques dans ce secteur a également augmenté de 19 %, avec 679 investisseurs pour l’année, la taille moyenne des investissements étant plus élevée qu’en 2021.
Les produits laitiers n’auraient plus la cote
Du côté de la fermentation de précision, GFI note que si le financement a décéléré en glissement annuel dans un marché instable, le secteur des nouvelles technologies a tout de même enregistré des progrès significatifs. La région Asie-Pacifique a vu le financement de la fermentation augmenter de près de 70 % et l’Europe de 37 %. La catégorie a également vu ses investisseurs uniques bondir de 38 % pour atteindre plus de 700. Des multinationales de l’alimentation comme Mars, Nestlé, Unilever et le groupe Bel ont annoncé des investissements en ce sens.
Les produits laitiers n’auraient plus la cote auprès des jeunes générations et, comme les populations intolérantes au lactose se tournent vers d’autres produits, le lait sans produits laitiers est le leader de la catégorie dans le secteur des produits végétaux. Un rapport d’Olam Food Ingredients publié au début du mois montre toutefois que les consommateurs sont toujours à la recherche d’un produit favori. Selon ce rapport, 7 % des consommateurs qui achètent des produits sans produits laitiers reviennent aux produits laitiers, et plus de 30 % disent qu’ils n’ont pas trouvé de produit laitier qui réponde à leurs besoins. La fermentation de précision se présente alors comme une piste de solution.
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