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Crédit photo: Fromagerie L'Ancêtre

La filière bio, « un incontournable pour les détaillants »

24 mai 2022 | Par Sophie Poisson

« Comme distributeur de produits biologiques, on a une offre québécoise et canadienne de plus en plus intéressante, fait savoir le président d’Horizon Nature, Daniel Dubuc, aussi président de la Filière biologique du Québec. Toutes les semaines, des compagnies viennent m’offrir de nouveaux produits. » QuébecBio, la filiale communication de la Filière biologique du Québec, identifie plusieurs tendances dans la consommation d’aliments biologiques québécois : les produits fermentés - comme les pains, les kéfirs et les bières -, des aliments originaux faciles à cuisiner ou à consommer - entre autres le muesli, le maïs à éclater, les mélanges et préparations à gâteaux -, et les produits authentiques et raffinés - tels que la gelée d’érable, la fleur d’ail et l’huile de tournesol oléique.

Elle recense 3200 entreprises locales, qui mettent en marché 11 300 produits certifiés bio par Ecocert ou Québec Vrai à travers cinq grandes catégories : fruits et légumes, produits laitiers, produits à base de grains, viandes et produits de l’érable. Le président remarque que les entreprise de toutes tailles sont concernées et que certaines, même petites, sont entièrement dédiées au secteur biologique. Parmi les exemples donnés, la Fromagerie L’Ancêtre située à Bécancour, qui a une offre nationale.

Le rapport de 2019 sur le marché canadien des produits biologiques de l’Association pour le commerce des produits biologiques dévoile que le Québec se classe en tête du pays, avec près de 40 % des entreprises agroalimentaires qui mettent en marché des produits biologiques. « Ce qui est intéressant au Québec est qu’on a un gros secteur agroalimentaire et on voit de plus en plus d’entreprises qui n’étaient pas dans le biologique s’y diriger, par exemple Danone avec les yaourts et Agropur avec le lait. Avoir une offre biologique en plus de leur offre traditionnelle, ça sert la cause du bio », souligne Daniel Dubuc.

Une vague de fond

Du côté des consommateurs, un sondage de la firme Segma Recherche réalisé en mars dernier démontre que 98 % des consommateurs québécois de produits biologiques sont toujours convaincus de leurs choix. Ils sont 42 % à prévoir d’augmenter leurs achats en ce sens et 56 % à vouloir les maintenir. Depuis 2012, le marché québécois de ce type d’aliments connaît une augmentation annuelle moyenne de l’ordre de 10 %. « Ce n’est pas de plus en plus difficile pour les détaillants alimentaires de passer à côté du biologique, c’est un incontournable aujourd’hui impossible ! », affirme le président, qui rappelle que la tendance n’est pas nouvelle et qu’il s’agit d’une vague de fond.

Le nombre de nouveaux consommateurs est moins important du fait qu’ils sont déjà nombreux à s’y être initiés. Les consommateurs ont tendance à être plus jeunes et plus conscientisés aux enjeux environnementaux. Selon le sondage, ils sont 96 % à penser que l’achat d’aliments biologiques a des effets positifs sur la qualité de nos écosystèmes.

« C’est l’une des solutions que l’on a à mettre en place par rapport au verdissement de la planète, rappelle Daniel Dubuc. On est encore loin de nos cibles, on l’a vu dans le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat [GIEC]. Ça va passer tant par l’agriculture que la consommation énergétique ou encore la réduction des emballages, et le biologique fait partie de cette tendance de fond, donc ça va continuer ! »

Un écart de prix à la baisse

Le frein le plus important reste celui du portefeuille, et encore plus en période inflationniste. Le président estime qu’une différence de 20 % par rapport à un produit similaire non biologique sera acceptable, un pourcentage qui serait à la baisse. « En tant que distributeur, plus ton volume est important par point de vente, plus il est possible de répartir les coûts de distribution, et donc de diminuer les marges de distribution. Le manufacturier et le producteur, c’est la même chose. Donc plus les volumes se bâtissent, moins l’écart de prix va être grand et plus le consommateur va être enclin à acheter bio. »

Les coûts de transports représentent l’enjeu principal, pour le transport maritime principalement car ces coûts ont plus que doublé au cours de la dernière année. Sachant que cela affecte les produits importés mais pas les produits d’ici, favoriser l’achat local permettrait de connaître le marché et d’assurer une stabilité des prix. « Aussi, ne l’oublions pas, chaque fois qu’on opte pour le bio d’ici, on assume une prime environnementale qui évite de refiler aux générations futures des coûts liés aux problèmes environnementaux... »

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Mots-clés: Québec